Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/83

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ma fille ne connaîtra jamais les douceurs d’un hymen fortuné ! Quoi ! les flammes du bûcher funèbre consumeraient tout entière cette beauté si charmante, qui ne laissera pas après elle de jeunes enfants pour rappeler ses traits et pour bénir sa mémoire ! » Rosélia est conduite de l’autel de Diane à ceux d’Hyménée. Là, sa bouche timide profère de coupables serments, dont son cœur ne connaît pas le danger. Cependant Cymédore, que l’idée de Diane poursuit d’un noir pressentiment, se hâte de sortir avec Rosélia du temple de l’Hymen. Ils en franchissaient les derniers degrés, lorsque Diane leva son mobile flambeau sur la nature. La chaste Déesse n’a pas plutôt aperçu nos époux fugitifs, qu’un trait semblable à ceux dont elle atteignit les enfants de Niobé, part de sa main immortelle et va frapper le cœur de Rosélia. Un soupir qui vint expirer sur les lèvres de cette vierge épouse fut, dit-on, le seul reproche qu’elle adressa à la Déesse. Rosélia chancelle, ses faibles genoux fléchissent sur le gazon qui la