Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/160

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ments ronds, carrés, anguleux, rudes, polis, crochus… etc. Le nombre de ces formes est borné ; mais les atomes eux-mêmes sont innombrables. — Quant aux autres qualités, comme le goût, la couleur, le froid ou le chaud, ils n’en possèdent aucune ; et ils ne sont qu’une matière insensible, quoiqu’ils engendrent le sentiment et la vie. — Avec le mouvement et la forme seule, ces atomes, dont la masse infinie vole éternellement au sein de l’immensité, y sèment une foule de mondes que de nouveaux tourbillons alimentent, que des pertes appauvrissent ensuite, et qui ont, comme les animaux et les plantes, leur croissance, leur maturité, leur dépérissement et leur ruine.





LIVRE III.


Invocation à Épicure. — Si la crainte de la mort empoisonne la vie humaine, c’est qu’on ignore la nature de l’âme. — Or l’âme est une partie réelle du corps, et non pas une harmonie, comme l’ont avancé quelques philosophes grecs. — De l’esprit. C’est la plus vive, la plus énergique essence de l’âme. Il réside au cœur, tandis que l’âme proprement dite est répandue dans les membres. — L’âme et l’esprit sont de nature corporelle. — Ils ont pour base le plus mince tissu des atomes les plus déliés, les plus lisses, et se composent de quatre substances : l’air, le souffle, la chaleur, et une autre qui par sa délicatesse échappe même au langage, et qui est comme l’âme des âmes. — Ces quatre principes se combinent et agissent ensemble, mais de telle sorte que l’un ou l’autre prédomine et influe sur le caractère. — L’esprit et l’âme sont inséparables. — Démocrite croit que les éléments de l’âme et du corps s’entrelacent un par un : il se trompe ; l’âme anime le corps, sans y être mêlée. — Au reste, elle naît et succombe avec lui. La métempsycose est une fable ridicule. — Pourquoi donc craindre la mort, qui ne laisse rien après elle ? — Les supplices de l’enfer ne sont qu’une image allégorique des tourments que l’homme se crée dans la vie. — Reproches de la Nature à ceux qui se plaignent de mourir.





LIVRE IV.


Exorde renouvelé du premier chant. — Le poëte veut expliquer ici tout le mécanisme des sensations et des idées par les images, formes pures, apparences légères, dont les unes émanent des corps, dont les autres s’engendrent elles-mêmes dans l’espace, et qui arrivent aux intelligences par le canal des sens. — Il faut d’abord que les sens nous inspirent la plus haute confiance. Ils sont infaillibles : le jugement seul nous trompe. — Le contact des simulacres ou images que ces organes nous transmettent excite diversement les impressions — de la vue— de l’ouïe — du goût — de l’odorat. — Quant aux idées, elles viennent de ces images encore plus frêles, plus imperceptibles, qui ne cessent d’éclore dans les airs, et qui s’insinuent à travers nos membres jusqu’au fond de nos âmes. — Les organes de l’homme ne furent point créés en vue de ses besoins. — Origine du sommeil. Explication des songes. — Ils nous apportent des images voluptueuses. — De l’amour, et des maux qu’il entraîne.





LIVRE V.


Magnifique éloge d’Épicure. — Théorie sur le monde. — Ce n’est point une essence divine. Il ne peut être non plus l’ouvrage des dieux, car il est plein d’imperfections ; ni leur séjour, car il est exposé à la ruine. — Il a eu un commencement, et il aura une fin, parce qu’il se compose de substances périssables qui se livrent une guerre éternelle. — De sa formation. Comment il se débrouilla peu à peu, et devint une masse harmonieuse et distincte, par la superposition des quatre éléments. — Du cours des astres. Exposition des nombreux systèmes sur leur mouvement. — Du soleil et de la lune : leur volume, leurs phases, leurs éclipses. — Décroissement périodique des jours et des nuits. — Du monde naissant. Il enfante tour à tour les plantes, les arbres, les oiseaux, les quadrupèdes, les hommes. — Peinture de la société humaine à son berceau. — Origine de la propriété, du langage, du gouvernement, de la guerre, de la religion. — Développement lent et graduel de l’industrie, des arts, et des sciences.





LIVRE VI.


Éloge d’Athènes, le berceau de la sagesse, la patrie d’Épicure. — Pour rassurer les hommes qui attribuent les bouleversements du ciel à la colère divine, Lucrèce prouve que tous les météores ont des causes naturelles. — Du tonnerre, des éclairs et des nuages. Les dieux lanceraient-ils la foudre sur des têtes innocentes, sur leurs propres autels ? — Origine des trombes marines et terrestres, des ouragans, de la pluie, de l’arc en ciel. — Pourquoi la mer ne déborde pas. — Éruptions de l’Etna. — Crues périodiques du Nil. — Des exhalaisons meurtrières que jettent les terrains nommés Avernes. — Des vapeurs empoisonnées qui émanent du sol, se répandent dans l’air, et sèment au loin des maladies contagieuses. — Peste d’Athènes.