Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/475

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en fils il a barbotté dans vos boues, déchargé des paquets dans vos mares, et porté le harnais dans vos tortueuses ornières, gouvernant ses mules d’une main ; de l’autre, des deux au besoin. (8, 20) Et jamais il ne s’avisa de faire des vœux aux dieux des grandes et des petites routes, hormis le jour où il leur dédia son fonds de patrimoine, la bride et l’étrille. Mais cela c’est le passé ; pour le présent, il se pavane dans l’ivoire curule ; et Sabinus se dédie en personne à toi, Castor, et à ton frère jumeau.


IX.
À VARIUS.

Je te le dirai, mon cher Varius, sans mentir : Je veux mourir, si ce maraud ne m’a pas mis à sec. Mais si les règles de la poésie m’empêchent de parler, je me tairai : mais ce petit blond m’a mis à sec.


X.
À LA VILLA DE SYRON.

Petite maison, pauvre champ qui fûtes jadis à Syron, et qui fûtes pour lui des trésors..., peut-être entendrai-je de tristes récits sur ma patrie. Ah ! je me recommande à vous, et tout ce que j’aime et ce que j’aimai, et surtout mon père. Soyez pour lui ce que furent jadis Mantoue et Crémone.


XI.
À M. VALÉRIUS MESSALA.

(11, 1) Chantez-moi quelques-vers, doctes Aganippides, quelques vers seulement ; mais des vers que ne méconnaisse pas le bel Apollon. Il arrive, magnifique ornement de son magnifique triomphe, il arrive le vainqueur à qui la terre et la mer ouvrent leurs libres espaces. L’égal du grand Diomède, du superbe Éryx, il apporte les effrayantes dépouilles des combats livrés aux barbares. Poëte non moins grand, il exhale nos chants poétiques ; il est digne d’entrer dans les chœurs sacrés. C’est là surtout, sublime Messala, ce qui agite et trouble mon esprit étonné : (11, 10) qu’écrire de toi, et que t’écrire ? Car, je l’avouerai, ce qui devrait déconcerter ma muse est cela même qui l’enhardit. Quelques vers nés de ta veine se sont glissés dans mes tablettes ; vers délicieux par l’idiome et par le sel attique ; vers qui, accueillis par les âges futurs, seront dignes de vaincre en durée le vieillard de Pylos. Là, mollement étendus à l’ombre d’un large chêne au vert feuillage, reposent Méris et Mélibée ; tous deux bergers, tous deux se renvoyant les doux vers alternés (11, 20) qu’aimait le jeune poëte de la Sicile. Ailleurs les dieux à l’envi parent de leurs dons ta noble amie ; et chaque déesse y joint son présent. Heureuse entre toutes, la beauté que célèbre un