Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/489

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ment le feu Saint-Antoine. On peut comparer cette peste avec celle que décrit Lucrèce.


LIVRE IV.

v. 15. Et manibus Procne… L’hirondelle porte des marques rouges sur la poitrine ; c’est ce qui a fait imaginer la fable de Progné.

v. 21. Ut quum prima novi… On sait actuellement que c’est une reine et non pas un roi.

v. 40. Conlectumque hæc ipsa… C’est la Propolis, nom qui lui a été donné par les anciens et que les modernes lui ont conservé. Cette matière est différente de la cire et du miel ; c’est une résine extrêmement visqueuse, d’un brun rougeâtre, qui répand communément une odeur agréable lorsqu’elle est échauffée, et qui se dissout facilement dans l’esprit-de-vin et l’huile de térébenthine : elle varie pour la consistance et la couleur, qui est plus ou moins foncée, et pour l’odeur, qui est plus ou moins aromatique.

v. 63. Trita melisphylla… La mélisse est une plante à plusieurs tiges, hautes d’une coudée, carrées, dures, et aisées à rompre ; les feuilles sont noirâtres, d’une odeur de citron, et d’un goût un peu âcre. Il y a plusieurs espèces de cérinthe décrites par les modernes ; il est probable que celle des anciens est celle qu’on appelle Cerinthe flavo flore asperior : c’est une des herbes les plus communes de l’Italie et de la Sicile.

v. 95. Ut binæ regum… La distinction des deux espèces d’abeilles est une chimère d’Aristote, qui n’a d’autre fondement que les différences que l’âge apporte dans la couleur des insectes Les jeunes abeilles sont grises et même brunes ; elles deviennent rougeâtres lorsqu’elles vieillissent.

v. 102… Et durum Bacchi… Les anciens mettaient du miel dans les vins forts.

v. 111. Hellespontiaci servet… Priape était adoré particulièrement à Lampsaque, ville bâtie sur l’Hellespont.

v. 119. Biferique, rosaria Pæsti. La ville de Paestum n’est plus aujourd’hui qu’un village appelé Pesti dans la Lucanie, c’est-à-dire dans la Calabre. Ce pays était autrefois célèbre pour les belles roses qui croissent deux fois l’année.

v. 125. Namque sub Œbaliæ… Tarente est ici appelé Œbalia, du nom d’Œbalus, venu de Lacédémone dans la Lucanie, où il établit une colonie et bâtit la ville de Tarente. Le Galèse, aujourd’hui appelé Galeso, coule dans la Calabre, et se décharge dans la mer près de Tarente. Coryce était une ville de la Galicie, aujourd’hui nommée Curco, dans la Caramanie, vis-à-vis de l’île de Chypre.

v. 144. Ille etiam seras… Les commentateurs ont peu compris ce passage. Virgile veut dire que ce vieillard avait trouvé le secret de transplanter des arbres déjà forts : il est aisé de s’en convaincre par les épithètes qu’il a données à chacun des arbres, qu’il nomme, seras ulmos, eduram pyrum, spinos jam pruna ferentes, jamque ministrantem platanum potantibus umbras.

v. 178. Munere quamque suo… Les anciens ont été plus hardis que nous. Nos naturalistes modernes n’ont point eu d’expérience assez décisive qui leur apprît si les différents travaux étaient partagés entre les différents corps d’abeilles, ou si toutes les abeilles ne s’occupent point successivement de différents ouvrages.

v. 194. Et sæpe lapillos. Ceci n’est qu’une fable débitée par Aristote, copiée par Virgile et répétée par Pline. Il y a une espèce d’abeille qu’on appelle maçonne qui bâtit son nid contre les murs, avec un mortier composé de sable et de gravier. Comme cette abeille ressemble à l’autre, des yeux inattentifs les ont confondues d’abord ; et ensuite les erreurs du jugement se mêlant à celles de la vue, on a imaginé à cette pierre, qu’on croyait voir dans les pattes de notre abeille, un usage qu’elle n’avait point.

v. 232. Taygete simul os… Taygète est une des Pléiades. Les Pléiades s’élèvent avec le soleil le 22 avril, selon Columelle.

v. 234. Aut eadem sidus… Le coucher des Pléiades indique ici la fin d’octobre ou le commencement de novembre. Les commentateurs sont partagés sur le sens du mot piscis. Les uns pensent qu’il s’agit du signe des Poissons, qui se lève en effet après le coucher des Pléiades ; les autres, que Virgile a voulu désigner le Dauphin. Larue prétend qu’il faut entendre par ce mot la constellation de l’Hydre, ce qui paraît moins vraisemblable. Dryden avec moins de fondement encore a supposé qu’il s’agissait du Scorpion.

v. 270. Et grave olentia centaurea. L’herbe du Centaure est, à ce que pense le père Larue, la petite centaurée. Son nom lui est venu du centaure Chiron, qui guérit, dit-on, avec le suc de cette plante une blessure faite par les flèches d’Hercule. Cependant l’épithète de grave olentia que Virgile donne au centaureum ne convient point à la petite centaurée, qui a une odeur douce, assez suave, et qui n’est qu’amère au goût.

v. 271. Est etiam flos… Les commentateurs ont été fort partagés sur la qualité de la fleur dont parle ici Virgile. Il est probable qu’il s’agit de l’aster atticus. Cette fleur pousse d’une seule tige un grand nombre de rejetons, Ingentem silvam uno de cespite : son disque est jaune, flos aureus esse, mais les rayons sont pourprés : in foliis violæ sublucet purpura nigræ. Indépendamment de la conformité de cette fleur avec l'amellum de Virgile, cette interprétation est appuyée sur la meilleure observation possible en fait de botanique, celle du célèbre M. de Jussieu.

v. 278. Prope flumina Mellæ. Il y a plusieurs rivières de ce nom : celle dont Virgile parle ici est une rivière de Lombardie.

v. 287. Nam qua Pellæi… Ce passage est le plus difficile de toutes les Géorgiques. Je crois que Virgile veut parler ici de la basse Égypte, autrement nommée le Delta. Ce pays forme un triangle. Canope forme l’angle occidental, Péluse l’angle oriental, qui est le plus voisin de la Perse. Ce que Virgile appelle les confins de l’angle méridional est l’endroit où le Nil en se divisant représente un delta.

v. 294. Omnis in hac… Nouvelle preuve que Virgile parle ici d’un seul pays.

v. 363. Jamque domum mirans… Platon, dont Virgile avait suivi le système dans ses vers, pose que toutes les rivières prennent leur source dans une vaste caverne que les poëtes appellent barathron. Le Phase et le Lycus sont deux fleuves fameux de l’Arménie qui vont se perdre dans la mer Noire. L’Énipée est une rivière de Thessalie. Le Tibre est assez connu. L’Anio est une rivière d’Italie. L’Hypanis arrose la Scythie. Le Caïque prend sa source dans la Mysie. L’Éridan, autrement le , est un grand fleuve d’Italie. Virgile, selon l’usage des poëtes lorsqu’ils parlent des fleuves, lui donne des cornes.

v. 380. Oceano libemus, ait… Ici Virgile suit le système de Thalès, qui attribuait à l’eau la formation de l’univers.

v. 387. Est in Carpathio… Toute cette fable de Protée est une imitation d’un morceau de l’Odyssée.

v. 389… Patriamque revisit Pallenen. Pallène est une péninsule de la Macédoine.

v. 559. Hæc super arvorum… Ces vers prouvent que Virgile retoucha ses Géorgiques toute sa vie. L’époque dont il s’agit ne précéda sa mort que d’un an. Auguste commandait alors ses armées en personne sur l’Euphrate, et forçait Phraate de rendre les aigles romaines que les Parthes avaient arrachées à Crassus.