Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/576

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chiens qui, comme eux, bondissent au son des trompettes, qui combattent avec eux, et avec eux partagent la gloire de mourir et d’être ensevelis (6, 110) parmi leurs propres ancêtres, dans les tombeaux mêmes des guerriers ; qui ont le cou et la poitrine hérissés de pointes de fer, et qui fondent sur les combattants, terrible et fougueuse cohorte, en poussant des aboiements pareils à ceux de l’affreux Cerbère, ou des chiens qui forment le cortège d’Hécate.

Le devin Varus a aussi amené ses bataillons des forêts sacrées de l’Hyrcanie. Depuis trois ans il annonce à la Scythie le navire Argo et l’arrivée des Argonautes ; et, sur la foi de ses oracles, les opulentes nations de l’Inde, la ville des Lagides, Thèbes aux cent portes, et l’Arabie entière, courent à la conquête de ce pays.

(6, 120) L’Ibérie a versé dans les champs de la Colchide des bataillons armés de lances et bigarrés de mille couleurs. Otacès et Latris les conduisent. Après eux vient le Nèvre, ravisseur de femmes ; l’Iazyge, qui n’attend jamais la vieillesse, qui voyant ses forces s’affaiblir, son arc, ses javelots le méconnaître, devance, à l’exemple de ses magnanimes aïeux, l’appel de la mort, met le fer à la main de son propre fils, et se fait tuer par lui. L’un frappe, l’autre tombe ; tous deux malheureux, celui-ci de son courage, celui-là de sa soumission.

Voici les Micèles, à la chevelure parfumée ; (6, 130) les Cesséens, l’innocent Arimaspe, qui n’a point encore fouillé la terre pour en arracher les métaux ; l’Auchate, habile à déployer sur une large circonférence des filets dont il enveloppe l’ennemi jusqu’en ses derniers rangs.

Je ne tairai pas non plus les Thyrsagètes, qui, dans les mêlées sanglantes, frappent sur un tambourin, ne sont vêtus que d’une peau flottante, et portent une lance garnie de feuilles et de fleurs. Bacchus, fils de Jupiter et de la fille de Cadmus, les avait, dit-on, avec lui, quand il triompha des Arabes et des fortunés Sabéens ; plus tard, ayant passé l'Hèbre, (6, 140) il les laissa dans ces contrées glaciales où ils ont conservé avec tous les usages de leurs ancêtres celui du tambourin et de la flûte, qui leur rappelle leurs victoires en Orient.

L’Eumède est aussi là avec toutes ses forces ; l’Exomate le suit, le Torinien, fier de ses abeilles, et le blond Satarque, riche du lait de ses troupeaux. L’Exomate vit de sa chasse ; de tous les peuples du Nord, c’est lui qui possède les plus beaux coursiers. Il traverse avec eux l’Hypanis à peine gelé, emportant les petits d’une lionne ou d’une tigresse, tandis que, interdite et désolée, la mère reste prudemment sur la rive.

(6, 150) Un désir ardent de ravir la toison a de même entraîné les Centores et les Choatres. Ils pratiquent l’art terrible de la magie, et immolent des victimes humaines. Les prodiges leur sont familiers. Ils savent tantôt arrêter au printemps la pousse des feuilles, tantôt fondre tout à coup, sous les chariots tremblants, les glaces des Méotides. Le plus habile dans cette science, Coastès, est avec eux : ce n’est pas l’amour des com-