Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/614

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v. 62 et suiv. Orion. Orion était un géant énorme, le plus adroit, le plus intrépide des chasseurs. Il périt de la morsure d’un scorpion, et fut mis au rang des astres. Sa constellation passait pour présager infailliblement les tempêtes. — Persée, autre constellation. La mer était irritée contre Persée, parce qu’il avait délivré Andromède, en tuant le monstre marin, ministre des vengeances des Néréides, que Cassiopée, père d’Andromède, avait offensées. — Le Serpent, placé entre les deux Ourses, est le dragon qui gardait les pommes d’or du jardin des Hespérides, et qui fut tué par Hercule. D’autres disent que c’est le dragon de Cadmus, d’autres le serpent Python. — Les deux Ourses ont sept étoiles très-brillantes. —Les Hyades et les Pléiades font partie de la constellation du Taureau, et ont chacune sept étoiles. — Le Bouvier est appelé actæus, parce que, suivant Hyginus, l’Athénien Icare, père d’Érigone, fut changé en cette constellation ; et voilà pourquoi Valérius donne cette épithète à Bootès. — Les commentateurs n’ont point expliqué ce que c’est que l’Épée. Peut-être est-ce une partie d’Orion qu’Euripide, Ion. v. 1153, appelle ξιφήρης, et Ovide ensiger, Ars Amat. ii, v. 56.

v. 79. Lemnos aquis. Lemnos est dans la mer Egée. On regardait cette île comme consacrée à Vulcain, parce qu’il y avait des volcans. Asclépiade raconte ainsi l’histoire des Lemniens : « Les Lemniens, pour n’avoir pas offert à Vénus les sacrifices accoutumés, préparèrent eux-mêmes leur perte. La déesse irritée leur inspira de l’amour pour des femmes de Thrace, et leur lit négliger leurs propres épouses. S’étant rendus en Thrace, ils firent la cour aux femmes de cette contrée et obtinrent leurs faveurs. Pendant ce temps, les Lemniennes furent saisies d’une telle rage, qu’elles résolurent d’exterminer tous les hommes de leur île et qu’elles exécutèrent leur projet. C’est quelques années après ce massacre qu’on prétend que Jason aborda dans l’île, et toucha le cœur d’Hypsipyle, leur reine, dont il eut un fils nommé Eunée. » (Didyme, sur l’Iliade, vii, v. 467.) Il semble que c’est cette tradition qu’a suivie Valérius.

v. 87. Mox etiam. Valérius a traduit ce morceau d’Homère, Iliad. i, v. 590.

v. 96. Aut Lipares. Les îles de Lipari, selon Diodore v, et Strabon vi, sont au nombre de sept, dont l’une, qui s’appelle le Temple de Vulcain, est entièrement rocailleuse et déserte. C’est elle sans doute qui a porté le nom de Vulcanie, et dont Valérius donne le nom générique à toutes les autres. Car l’île de Lipari, proprement dite, était très-fertile, au rapport de Strabon. Voyez Pline, iii, c. 14.

v. 100. Et tacitæ Martem. Valérius fait ici allusion a cet épisode des amours de Mars et de Vénus qu’Homère, Odys., viii, v. 268, a peints avec tant de charme, et qu’Ovide a abrégés dans ses Métamorphoses, iv, v. 170.

v. 141. Veste Neæræ. Cette Nééra était sœur ou parente d’Eurynome.

v. 149. Præclara Dorycli. Le scholiaste d’Apollonius, ii, v. 178, parle de ce Doryclus comme étant fils de Phénix et de Cassiopée.

v. 157. Quod patrium. Valérius, vi, v. 80, et ii, v. 176, peint les Coralètes et les Sarmates avec les mêmes mœurs que les Thraces. Tous les poëtes de l’antiquité sont unanimes sur la manière dont ils parlent des usages de ces nations, qu’ils appelaient barbares, depuis la côte de Gibraltar jusqu’au fond de la Tartarie. — Les Dahes étaient une peuplade de la Scythie ; selon d’autres, de la haute Hongrie.

v. 173. Et Stygias infanda... tædas. C’est une périphrase poétique pour désigner les Furies.

v. 193. Attonitum Phlegyan. Phlégyas, roi des Lapithes, fut père d’Ixion et de Coronis, qu’Apollon viola et dont il eut Esculape. Phlégyas irrité brûla le temple de Delphes ; mais il fut percé des flèches du dieu et jeté dans les enfers pour ce crime.

v. 239. Ast aliæ Thressas. Le scholiaste d’Apollonius rapporte ainsi le sujet de l’horrible action des femmes de Lemnos (i, v. 609) : « Elles célébraient tous les ans une fête en l’honneur de Vénus ; mais ayant abandonné cette coutume, la déesse s’en vengea, en leur donnant une odeur désagréable qui empêchait leurs maris de les approcher. Ces femmes s’en croyant méprisées, les massacrèrent tous. » On dit qu’elles conservent encore aujourd’hui cette odeur ; et cela se conçoit, car elles n’ont pour vêtements que des peaux de bouc ou de chèvre. « Depuis ce crime, dit Hérodote, vi, c. 138, et une horrible action des Pélasges, habitants de Lemnos, qui firent mourir en un jour tous les entants qu’ils avaient eus d’un grand nombre d’Athéniennes qu’ils avaient enlevées, et qui tuèrent les mères en même temps, l’usage s’établit en Grèce d’appeler actions lemniennes toutes les actions atroces. » Trad. de Larcher.

v. 259. Trieterica. Cet airain résonnait dans les fêtes qu’on célébrait tous les trois ans en l’honneur de Bacchus. De τρεῖς trois, et ἕτος an.

v. 265. Juvenis… Lyæi. Ces mots et Pater Bacchus, qui semblent bien opposés, ne sont, dans Valérius, qu’à huit vers de distance. Bacchus se nommait le père de la joie, et en même temps on le représentait jouissant d’une jeunesse éternelle. Ce qui explique le soin qu’Hypsipyle met à observer que son père garde le voile et la mitre, v. 270, 271, 272, c’est que tous ces attributs représentaient non le Bacchus juvenis, mais le Bacchus Pater, qui existe au Musée des antiques, avec une longue barbe et couvert d’un long manteau.

v. 267. Cistas. Les cistes étaient des espèces de paniers dans lesquels on gardait soigneusement tout ce qui servait aux mystères de Bacchus.

v. 276. Dracones. Les dragons ou les serpents étaient consacrés à Bacchus, comme à Minerve et à d’autres divinités ; ils étaient, à cause de leur vue perçante, gardiens de leurs temples, de leurs trésors, de leurs sanctuaires. Toutes les fois que Bacchus s’embarquait (Claudien, 2ème. Cons. de Stilicon, iii, v. 362), les serpents s’embarquaient avec lui.

v. 301 et suiv. Taurorumque locos. Tauri, peuples de Scythie, chez lesquels était le temple de Diane Taurique. On y immolait les étrangers à cette déesse. — Égérie était une naïade de la vallée d’Aricie, qui fut l’épouse et le conseil de Numa. Ovide, Fast., iii, v. 263. — Jupiter Albain avait son temple sur le mont Albain, près d’Aricie, d’où il prit le surnom d’Altus. — Le grand prêtre d’Aricie prenait le nom de roi. On le choisissait parmi des esclaves fugitifs ; et, pour occuper ce poste, la première condition était d’assassiner son prédécesseur.

v. 310. Polyxo. Apollonius, i, v. 668 et suiv., en fait la vieille nourrice d’Hypsipyle. — Téthys était la plus ancienne des divinités de la mer ; Protée était son fils.

v. 349. Aula silet. C’était un usage des anciens de garder le silence pendant les libations. Servius, ad Æneid. i, v. 728, explique cet usage.

v. 359. Pangæa. Le Pangée est une montagne élevée qui sépare la Macédoine de la Thrace. — Le Gargare est toujours pris dans Homère pour le sommet le plus élevé de l’Ida. Les poëtes, dit Servius, ad Georg., iii, v. 269, ont depuis nommé tous les sommets des montagnes des Gargares. L’Ida n’était pas une montagne isolée, mais une chaîne telle que les Vosges ou les Cévennes. La ville de Gargare se trouvait sur un promontoire qui formait de ce côté l’entrée du golfe d’Adramitte. Son territoire était si