les vues sur la pluralité des mondes, sur la succession des êtres vivants, sur la concurrence vitale et les diverses phases de la vie humaine, ont été confirmées par les découvertes modernes, M. Martha se hâte de déclarer que la science de Lucrèce est incomplète, surannée, inférieure à celle de Platon ; bien plus, que l’école d’Épicure méprisait la science, et n’aurait adopté en partie le système de Démocrite que pour ruiner la croyance aux dieux et à l’immortalité des âmes. Tout cela, parce qu’Épicure a dit : « Il nous suffit de savoir que cet ordre n’est point l’effet d’une redoutable providence, qu’il peut s’accomplir de bien des manières qui ne nous importent en rien, mais qu’aucune d’elles n’est à craindre ».
Où donc est la contradiction ? Chaque science particulière a pour but la découverte du vrai sur un point donné. La philosophie compare les résultats obtenus et en induit certains principes qui la guident dans la conception générale des choses. Quelques certitudes fondamentales, l’observation constante de certains faits même mal expliqués, comme par exemple la réalité inéluctable de la naissance et de la mort, lui suffisent pour affirmer et nier dans les questions principales. Elle est prête à enregistrer toutes les expériences ultérieures ; mais elle sait d’avance qu’elles se feront conformément au plan et à la méthode. Elles deviennent pour elle d’une importance secondaire, elles modifieront les détails sans ébranler l’ensemble. Tout est ainsi ; tout pourrait être autrement. Mais toute solution s’accordera nécessairement avec