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DE LA NATURE DES CHOSES
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Ce qu’est le membre au corps la terre l’est au monde.

L’orage en l’ébranlant sur elle ébranle tout ;
Tout ce qu’elle soutient tremble du même coup.
Il faut donc qu’un lien, cet exemple l’atteste,
Rattache notre globe au fluide céleste.
Par leurs racines l’air et la terre et le ciel
Tiennent dès l’origine au fonds substantiel,
Et leur accord remonte à l’unité suprême.
L’âme n’est-elle pas la subtilité même ?
Elle soutient pourtant le lourd fardeau du corps.
Si forte est l’unité qui fonde leurs rapports !
Quand le corps soulevé fend l’air d’un bond rapide,
L’âme agit ; l’âme seule au mouvement préside.
Vois quelle force imprime un tissu délié
À la masse du corps auquel il est lié :
L’âme gouverne l’homme et l’air porte la terre.

Le disque lumineux du soleil ne peut guère
Être moindre ou plus grand que nous ne le voyons.
600De si loin qu’un feu puisse envoyer ses rayons
Et souffler jusqu’à nous sa chaleur pénétrante,
Ni le corps enflammé, ni sa masse apparente,
Ne semblent amoindris par cet éloignement.
Le soleil, dont l’ardeur et le rayonnement
Parviennent à nos sens et dorent la nature,
Est donc, à très-peu près, égal à sa figure.
La lune, qu’elle darde un éclat emprunté
Ou que de son corps même émane sa clarté,