Tel il jaillit du choc du fer et de la pierre.
Quelque froide que soit l’une ou l’autre matière,
L’ardente explosion n’en suit pas moins le coup.
J’en conclus que l’éclair peut s’allumer, partout
Où l’attend un concours propice de substance.
Les vents d’ailleurs sont-ils si froids ? La force intense
Qui vers les champs d’en haut emporte leur essor,
Lors même que le feu n’en jaillit pas encor,
A du moins dans leur course échauffé leur haleine.
La foudre avec raideur fend l’air. Ce qui déchaîne
Les invincibles coups de ses carreaux brûlants,
C’est ce que le nuage amoncelle en ses flancs
De violence ardente à s’élancer au large.
La barrière enfin cède à la croissante charge,
Et le jet fulgurant jaillit, au loin chassé,
Comme un trait par l’effort des balistes lancé.
Ajoute que la foudre est précisément faite
D’atomes si ténus que rien ne les arrête.
Dans tous les tissus donc elle trouve des jours ;
Elle évite les chocs qui restreindraient son cours ;
Bref, sa rapidité répond à sa structure.
Qui l’ignore ? en vertu de sa propre nature,
Tout objet pesant tombe, et tout choc à la fois
En double incessamment la vitesse et le poids ;
Il brise d’autant mieux les obstacles et passe
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LIVRE SIXIÈME