dez pas au fou selon sa folie, de peur que vous ne lui deveniez semblable ; répondez au fou selon sa folie, de peur qu’il ne s’imagine être sage.
Que signifient ces paroles qui semblent un peu contradictoires tout d’abord ? Le voici, d’après les commentaires les plus autorisés : « Lorsque vous aurez à répondre à l’insensé, ne vous abaissez point jusqu’à son niveau, en disant comme lui des choses sottes ; mais que vos réponses soient telles quelles fassent ressortir toute sa folie. Répondez en termes tels qu’il se voie déraisonnable, insensé dans toute la mesure où il l’est : juxta stultitiam suam. »
Vous voudrez bien avouer, M. Dessaulles, qu’il n’y a pas d’autre moyen de mettre en pratique ce qui est ici recommandé que d’appeler les choses par leur nom, dans la langue dont on se sert. Vous n’en voudrez donc pas à Mgr de Montréal ni à moi non plus, parce que nous avons apprécié votre œuvre à sa juste valeur.
« Ah ! Mgr, dites-vous, en vous adressant au vénérable prélat, et en lui reprochant sa manière d’agir à votre égard, Saint Frs. de Sales parlait tout autrement que cela aux âmes pieuses qu’il dirigeait. » Ne vous scandalisez pas pour si peu, brave homme que vous êtes. Les paroles de Saint Frs. de Sales ne prouvent rien dans le cas présent. Vous ne pourrez les invoquer que lorsque vous compterez parmi les âmes pieuses que dirige leur évêque. Lorsque d’impie que vous êtes, vous serez devenu une âme véritablement pieuse, soyez sûr que Mgr de Montréal ne vous dira plus de gros mots, pour la bonne raison que vous ne vous mettrez plus dans le cas de les mériter.
En attendant que cet heureux changement s’opère, je vous prierai de relire votre Saint Frs. de Sales. Vous en conseillez la lecture à Mgr de Montréal. Ce travail ne sera pas sans profit pour vous, et je puis affirmer que c’est vous qui en profiterez davantage, si vous voulez bien être docile à la grâce. Pour Mgr de Montréal, il y a longtemps qu’il connaît Saint Frs. de Sales ; on le devine rien qu’à sa manière d’agir à l’égard de ses persécuteurs.