L’Église a enfin le droit de se régir elle-même, et ses lois sont strictement obligatoires, indépendamment de la sanction du pouvoir civil. Tout ce que ce dernier décrète en opposition avec ces lois est nul de plein droit. En effet, l’Église tient la place de Jésus-Christ, car cet adorable Sauveur et Maître a dit à ses fondateurs : « De même que mon Père m’a envoyé, de même aussi je vous envoie. » Or, quel est le pouvoir de Jésus-Christ ? C’est un pouvoir sans limites, s’exerçant sur la terre et dans le ciel : Data est mihi omnis potestas in cælo et in terra, tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. À Jésus-Christ ont été léguées en héritage toutes les nations de la terre : dabo tibi gentes hæreditatem tuam, et possessionem tuam terminos terræ, et il doit les régir avec une autorité absolue ; regis eos in virga ferræ, et tanquam vos figuli confringes eos.
D’ailleurs, la loi étant un bien, il est évident que l’Église, qui possède le pouvoir législatif dans toute sa plénitude, n’est soumise à aucun contrôle humain dans l’exercice de ce pouvoir, puisque Jésus-Christ a dit à ses apôtres et à leurs successeurs : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel : qæcumque alligaveritis super terram erunt ligata et in cælo.
Vous voudrez bien le remarquer, M. Dessaulles ; ce pouvoir de lier, que Jésus-Christ confère à son Église, est absolu ; il n’y a pas de conditions posées à son exercice. Où avez-vous donc pris que le pouvoir civil a une espèce de suprématie sur lui ? C’est une pure invention de votre part, homme véridique par excellence.
Remarquez, de plus, que celui qui n’écoute pas l’Église, et, a plus forte raison celui qui la bafoue, comme vous faites insolemment du haut de votre grandeur, doit être regardé comme un païen et un publicain, c’est-à-dire, comme un homme sur lequel pèse ostensiblement la malédiction de Dieu, et qui, par conséquent, ne mérite aucun égard. Si Ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethricus et publicanus… Nec ave ei dixeritis.
S’il vous prenait fantaisie, pour échapper aux terribles conséquences qu’appellent vos inconcevables avancés et vos bévues trois fois irrévérencieuses, de nier que l’Église romaine, dont la doctrine