Si l’Église a le pouvoir de faire des lois, elle peut aussi les défaire : ces deux choses sont corrélatives. Quand il s’agit de l’autorité civile, vous ne faites pas difficulté de l’admettre. Et pourquoi ne le pourrait-elle pas ? Avec le pouvoir de lier, n’a-t-elle pas aussi reçu celui de délier, comme l’attestent les saints Évangiles ? C’est incontestable, et alors vos objections ne sont plus que des impertinences de la pire espèce. Je ne puis dire moins, quelque désir que j’aie de vous être agréable.
Quant aux principes ils sont immuables et l’Église le sait mieux que vous. À ce sujet, vous parlez de philosophie. Vous seriez bien embarrassé de dire quand et comment l’Église a renié les vrais principes de cette science. C’est elle, au contraire, qui les a conservés, car, sans elle, ils auraient certainement péri dans tous les naufrages qu’a subis la pauvre raison humaine, en s’abandonnant aux débauches de l’orgueil. Si vous aviez, non pas de la science, car ce serait trop exiger de vous, mais une légère teinture de la seule histoire contemporaine, vous sauriez que l’Église a plus énergiquement pris la défense des véritables droits de la raison que tous les prétendus philosophes que vous hantez, philosophes dont la doctrine aboutit, en dernière analyse, à faire de l’homme un pur animal, quelque peu plus élégant et plus perfectionné que le singe. On conçoit que vous, M. Dessaulles, vous aimiez une philosophie qui ne trouve pas mauvais que l’homme se permette parfois de marcher à quatre pattes. L’Église, qui n’a jamais cessé et ne cessera jamais de prêcher que Jésus-Christ est son modèle, ne peut permettre des amusements de ce genre.
Vous parlez aussi du droit que l’Église a toujours méconnu, si l’on vous en croit. J’ignore quel plaisir vous pouvez prendre à aborder ce chapitre, car le droit, comme son nom l’indique, a pour effet de redresser. Or, vous ne devez guère l’avoir en estime, si l’on en juge par la propension que vous avez à aller de travers. N’importe, disons-en un mot, puisque cela vous agrée.
Tout ce qui a rapport au droit se rattache nécessairement à la morale. Or, l’Église ne pouvant pas errer en pareille matière, puisqu’elle est chargée, d’après les injonctions de Jésus-Christ