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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/33

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vous mêler des affaires de l’Église que son Divin Fondateur a non-seulement soustraite à votre juridiction, mais à celle même des princes et des rois, de tout gouvernement civil, quelle que soit sa forme extérieure ?

Pauvre homme ! Vous seriez payé pour radoter que vous ne feriez pas mieux. C’est une fameuse raison que celle que vous alléguez pour démontrer que la question des dîmes doit être réglée par la puissance temporelle ! Si la puissance ecclésiastique intervient en pareille matière, dites-vous, elle se constitue en même temps juge et partie en ce qui la concerne. Or, concluez-vous, rien de plus contraire au seul gros bon sens.

Vous croyez, savant homme ? Sachez d’abord que la plus chère de toutes les thèses que vous défendez : l’omnipotence du pouvoir civil, se trouve ruinée de fond en comble par votre argumentation. Comment, en effet, pouvez-vous avoir le cerveau confectionné pour ne pas vous apercevoir que si votre raisonnement vaut contre la puissance ecclésiastique, il vaut également contre la puissance temporelle ? Et vous-même, cher M. Dessaulles, vous vous mettez complaisamment le carcan au cou en appliquant, comme vous faites, le principe que vous invoquez. Vous aimez pourtant, pour vous-même au moins, les allures libres et dégagées. Songez-y ; on peut fort bien vous rogner les ongles et d’autres choses aussi, rien qu’en s’appuyant sur vos simples dires, car, d’après votre manière d’envisager et de présenter les choses, toute société ou tout particulier ne peut agir sans être juge et partie dans sa propre cause.

Sachez, en second lieu, que le principe que vous invoquez, tout incontestable qu’il soit, n’a d’application que dans les matières contentieuses. Il dirige dans l’organisation régulière d’un tribunal ; mais, hors de là, surtout quand il s’agit de savoir si l’Église a droit d’acquérir et de posséder par telle et telle voie, il n’a plus à figurer. Autant vaudrait, si on l’invoque en ce dernier cas, recourir à n’importe quel principe de géométrie ou de physique ; on serait tout aussi avancé.

Comme vous me faites pitié par votre phénoménale ignorance,