du catholicisme ; il n’y en a pas eu et il n’y en a pas d’autres que lui. Il veut forcément nous amener à conclure qu’il n’y a de Dieu que Dieu et que Dessaulles est son prophète.
Puisque M. Dessaulles en est rendu à copier Mahomet, j’aimerais beaucoup à savoir s’il a, lui aussi, voyagé sur la jument El-Borac, et si la divinité l’a favorisé jusqu’au point de lui permettre des entretiens intimes avec le grand coq blanc que son précurseur et maître a rencontré dans le premier ciel. J’incline à croire qu’il a eu ces privilèges, car il affirme carrément que l’Église n’a jamais bien compris ce qu’était l’esprit du Christ. Pour lui, il le comprend, et si l’Église veut avoir assez de bonne volonté pour suivre ses cours de dogme, il lui promet de lui communiquer en quelques jours seulement plus d’intelligence que n’a pu lui en communiquer le Saint Esprit en dix-huit longs siècles.
M. Dessaulles accuse les Papes de vouloir se faire Dieux : n’est-ce pas lui plutôt qui est travaillé de cette sacrilège manie ?
Les Papes ! il en dit long sur leur compte. Il trouve qu’ils ne s’y entendent guère en religion. Quant aux évêques et aux prêtres, il n’hésite pas à déclarer qu’ils n’y entendent rien du tout.
Il se propose de ramener tout ce monde-là à la raison, non pas à la raison telle qu’on l’a entendue jusqu’ici, mais à la raison laïque. Disons-le de suite : dans ses mirobolantes cogitations, l’illustre Dessaulles, cet homme-puits, comme dirait Victor-Hugo, a découvert qu’à une certaine période de la vie, qu’il ne détermine point, la raison humaine se bifurque : d’une part, elle devient raison laïque et de l’autre, raison ecclésiastique. La première est excellente ; la seconde ne vaut absolument rien. Pourquoi cela ? C’est ce que notre vase d’érudition n’explique point ; mais il est à présumer que c’est parcequ’une soutane ne permet pas des allures aussi dégagées qu’un habit à queue.
Entre tous les évêques, il en est un qui a le privilège de lui déplaire singulièrement, et c’est surtout pour harceler cet évêque qu’il a mis au jour le monstrueux pamphlet hérétique qu’il intitule : « La grande guerre ecclésiastique. » Cet évêque, est Mgr de Montréal. Il se plaint que le vénérable prélat est toujours sur son dos. C’est peu croyable, car jamais Mgr de Montréal ne