Vous êtes un homme extrêmement difficile à contenter, M. Dessaulles ; vous l’avez cent fois prouvé en vous attaquant à peu près à tout ce qui a été divinement établi par Notre Seigneur Jésus-Christ. Et comment Dieu lui-même pourrait-il réussir à vous donner pleine satisfaction, puisque vous ne savez pas ce que vous voulez ?
En effet, si l’Église, pour des raisons que tout homme sensé reconnaît excellentes et décisives, défend les discussions en certains cas, surtout quand il s’agit de propositions évidemment certaines ou de vérités clairement définies comme étant de foi, voua criez à l’injustice, à l’intolérance, au despotisme le plus affreux. Vous voulez à tout prix qu’on discute et qu’on dispute.
Mais que l’Église tolère, permette ou encourage les discussions consciencieusement faites, lorsqu’il s’agit de défendre la vérité et la foi, d’élucider des questions demeurées libres, parce que les raisons alléguées pour et contre sont à peu près d’égale valeur, vous jetez de nouveaux les hauts cris et vous répétez à satiété, à tous ceux qui ont assez d’abnégation pour prêter l’oreille à vos dires incohérents, que les plus grands scandales règnent dans le lieu saint !
À quoi bon répandre tant de flots d’encre pour attester ce que vous ne comprenez pas vous-même ? Quoi ! il n’y a qu’un instant vous maudissiez l’Église sous le prétexte qu’elle comprime la liberté de penser et d’écrire, et maintenant vous la maudissez encore sous cet autre prétexte qu’elle accorde trop de liberté à ses enfants ! Brave homme, vous êtes évidemment mêlé ! Travaillez d’abord à vous mettre d’accord avec vous-même ; vous pourrez ensuite songer à régenter les autres.
Ce qui aujourd’hui surtout vous mal édifie singulièrement, ce sont les discussions entre prêtres, les divergences d’opinions entre évêques. Mais l’Écriture Sainte ne nous déclare-t-elle pas que bon nombre de questions ont été laissées à la dispute des hommes, et l’histoire ecclésiastique ne nous apprend-elle point d’autre part que, dans tous les siècles, il y a eu de ces discussions et de ces divergences d’opinions que vous déplorez comme quelque chose