« Les MM. de Saint-Sulpice sont donc des rebelles, des révoltés, des prêtres gravement coupables, dignes de toutes les censures ecclésiastiques, objectez-vous ? Mais alors, il y a donc des prêtres qui faillissent dans l’accomplissement de leurs devoirs ? Et, quant aux MM. de Saint-Sulpice, s’ils sont tels qu’on nous les peint, comment expliquez-vous que Mgr de Montréal ait pu les qualifier de Saints ? Ah ! quand l’intérêt de tout le corps le demande, on n’hésite pas à se décerner publiquement les titres les plus flatteurs ; mais, à huis-clos, on se déchire, on s’écorche à qui mieux mieux, et l’on fait bon marché de toutes ces qualifications dont on n’use que pour leurrer les simples et les ignorants. Quand les esprits s’échauffent, ils laissent pénétrer à l’extérieur les petites misères qui les rongent. »
Voilà comme vous parlez, M. Dessaulles, et votre langage, cette fois-ci comme toujours, est au service du mensonge et de l’impiété.
Qu’il y ait eu des prêtres, même de hauts dignitaires ecclésiastiques, qui aient manqué à leur devoir ; qu’il y en ait encore qui ne marchent pas dans le droit chemin, c’est ce que tout le monde sait et déplore. Les uns tombent pour ne plus se relever ; les autres faiblissent un moment et se relèvent. C’est là l’histoire de tous les temps, depuis que l’Église est fondée. Judas est à la tête des uns ; saint Pierre à la tête des autres.
Personne n’a jamais prétendu que les MM. de Saint-Sulpice sont des prêtres véritablement en révolte contre leur évêque et dignes d’interdit ; non, jamais. Ces Messieurs reconnaissent l’autorité de leur premier pasteur ; mais ils lui ont refusé, relativement à eux, illusionnés par de dangereuses doctrines qu’ils ont pu croire exemptes d’erreur, l’exercice de toute sa juridiction. Mgr de Montréal, reconnaissant que ces prêtres valaient infiniment mieux que plusieurs de leurs idées, a pu et même dû leur donner des éloges quand ils opéraient le bien, les qualifier même de prêtres saints et zélés, tout en travaillant patiemment et paternellement à les débarrasser du funeste bagage qu’ils portaient. Vous, l’homme charitable par excellence, seriez-vous donc opposé à ce que la charité fut autre chose qu’un vain mot ?