ou vous n’êtes pas susceptible d’être assujetti à un gouvernail. Dans l’un ou l’autre cas, laissez les gens tranquilles et ne les invitez pas à voguer à votre suite.
Vous poursuivez et vous dites : « La vraie formule du progrès, c’est la grande parole prononcée il y a dix-huit siècles : « Soyez parfait comme votre père est parfait. » Voilà qui est très-bien. C’est court, mais plein de bons sens chrétien. Vous ne le soupçonnez pas ou vous avez un instant oublié qui vous êtes M. Dessaulles. Ce qui me confirme dans cette idée, c’est que vous ajoutez immédiatement : « Or, comme l’homme ne saurait jamais égaler Dieu en perfection, ce précepte signifie qu’il doit se perfectionner toujours autant que sa nature le lui permet. »
Vous faites erreur ici en regardant l’homme comme placé dans l’ordre purement naturel et cette erreur est capitale. On la nomme naturalisme.
Si vous voulez bien me prêter un peu d’attention, je vous ferai un court exposé des premières leçons du catéchisme que vous ne savez plus, si jamais vous l’avez appris. Cet exposé vous donnera une bien plus haute idée de la dignité humaine que celle que vous avez puisée dans tous vos volumes de philosophie transcendante.
Les créatures intelligentes, l’ange et l’homme, ont été créées pour une fin qui n’est autre que Dieu. Le connaître par une vision et le posséder par un amour parfaitement conformes à leur nature était tout ce qu’elles pouvaient exiger, et tout ce dont elles étaient capables par elles-mêmes. Mais, dans son infinie miséricorde, Dieu n’a pas voulu que cette fin, qui est purement naturelle, fut la leur. Il les a destinées à une fin absolument surnaturelle, en les appelant à le connaître et à l’aimer, non pas d’après un mode naturel, mais d’après un mode essentiellement divin.
Dieu, qui est l’infini par essence, se connaît et s’aime dans toute la mesure où il est intelligible et aimable, c’est-à-dire, infiniment. Il a donc un mode particulier de se connaître et de s’aimer, et ce mode est incommunicable par nature. Il constitue