Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/130

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Guy de Maupassant disait à Bispalié après avoir planté une branche dans la terre, au parc : « Plantons cela ici ; nous y retrouverons l’an prochain des petits Maupassant ».

M. Manuel Hirsch, qui est depuis quinze ans dans cette maison, et qui se croit le fils un jour de Victor Hugo, et le lendemain du Duc de Choiseul-Praslin et parent de Victor-Emmanuel, - mais dont certains souvenirs sont clairs et bien fixés dans la mémoire, m’a raconté que Maupassant se promenait toujours dans la cour du premier préau et criait continuellement après un ennemi invisible avec lequel il voulait se battre. Il criait un, deux, trois comme dans un duel, et la nuit il parlait de millions et de pédérastie.

Joseph Giraud me dit qu’il est mort calme, vers 3 h. 1/2 de l’après-midi du 6 juillet[1]. « Il s’est éteint comme une lampe qui manque d’huile », me dit le bon vieux, et il me raconte que c’est MM. Albert Cahen, « un juif fort riche », l’éditeur Ollendorff et Henry Fouquier[2] (Cahen surtout), qui venaient le plus souvent voir le poète.

    avait en 1900 soixante ans. Il était depuis douze ans le domestique du jeune Marquis de Cazeaux, qui l’aimait beaucoup et qui n’obéissait qu’à lui.

  1. L’acte de décès nous donne une autre heure : 9 heures du matin. Je crois plutôt à l’exactitude des détails donnés par Joseph Giraud.
  2. Le spirituel auteur des chroniques théâtrales du Figaro, qui signe parfois Nestor ailleurs, et qui a prononcé un discours à Rouen à l’inauguration du monument élevé à son ami.