Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/135

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et du style, qui contenait leur besoin. Et ils étaient reconnaissants à un écrivain même pessimiste, de leur donner cette heureuse sensation d’équilibre et de vigueur, dans la parfaite clarté des œuvres.

« Ah ! la clarté, quelle fontaine de grâce, où je voudrais voir toutes les générations se désaltérer ! J’ai beaucoup aimé Maupassant, parce qu’il était vraiment, celui-là, de notre sang latin, et qu’il appartenait à la famille des grandes honnêtetés littéraires. Certes, il ne faut point borner l’art, il faut accepter les compliqués, les raffinés et les obscurs, mais il me semble que ceux-ci ne sont que la débauche ou, si l’on veut, le régal d’un moment, et qu’il faut bien en revenir toujours aux simples et aux clairs, comme on revient au pain quotidien qui nourrit, sans lasser jamais. La santé est là, dans ce bain de soleil, dans cette onde qui vous enveloppe de toutes parts. Peut-être la page de Maupassant, que nous admirons, lui a-t-elle coûté un effort. Qu’importe si cette fatigue n’apparaît pas, si nous sommes réconfortés par le naturel parfait, la tranquille vigueur qui en déborde ! On sort de cette page comme ragaillardi soi-même, avec l’allégresse morale et physique que donne une promenade sous la pleine lumière du jour ».

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« Lui, grand Dieu ! lui frappé de démence ! Tout ce bonheur, toute cette santé coulant d’un coup dans cette abomination ! Il y avait là un tournant de vie si brusque, un abîme si inattendu, que les cœurs qui l’ont aimé, ses milliers des lecteurs, en ont gardé une sorte de fraternité douloureuse, une tendresse