Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/177

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Guy tenait bien sa place parmi les artistes de la troupe ; mais s’il brillait comme acteur, il éprouvait comme auteur tous les déboires du débutant et m’écrivait en 1876 : « Quant à moi, je ne m’occupe pas de théâtre en ce moment. Décidément les directeurs ne valent pas la peine qu’on travaille pour eux ! Ils trouvent, il est vrai, nos pièces charmantes, mais ils ne les jouent pas, et pour moi, j’aimerais mieux qu’ils les trouvassent mauvaises et qu’ils les fissent représenter. C’est assez de dire que Raymond Deslandes juge ma Répétition trop fine pour le Vaudeville ».

En même temps, il faisait un grand drame en vers, resté inédit, dont l’élaboration lui donnait beaucoup de mal sans le satisfaire, car il m’écrivait en 1878 à ce sujet : « J’ai perdu presque tout mon hiver à refaire mon drame qui ne me plaît pas ». Et il jure, dans cette lettre, de ne plus faire du théâtre.

Ce serment d’auteur déçu ne le fit pas renoncer à l’espoir de voir jouer son drame, qu’il me chargea de présenter à Ballande, avec lequel j’étais en relation. Il trouva dans le drame de Maupassant de grandes qualités ; mais, car il y a toujours un mais en ces sortes d’affaires, cela exigeait une mise en scène, que les faibles ressources de son théâtre ne lui permettaient pas de risquer. Que votre ami, me dit-il, me donne une pièce que je puisse jouer sans frais et je la monterai immédiatement.

Je rapportai la réponse à Maupassant qui se mit à écrire l’Histoire du vieux temps, simple comédie à deux personnages, dans un décor qui n’exige pour