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même de la mort de son fils, Mme de Maupassant, répondant à l’envoi de mon drame Jeanne d’Arc, m’écrivait de Nice ce billet qui ne me parvenait qu’à mon retour de l’inhumation :

Veuillez agréer, cher Monsieur, mes meilleurs remerciements et mes plus chaleureuses félicitations. J’ai lu votre drame avec un vif intérêt, et je vous sais aussi un gré infini de ne m’avoir point oubliée, et d’être venu me chercher au fond de ma solitude, où le souvenir des jours écoulés ne me quitte pas. C’était un heureux temps que celui où l’on jouait la comédie dans la maison d’Étretat. Hélas ! Comme c’est loin ! L’état de votre pauvre camarade s’était beaucoup amélioré, mais les grandes chaleurs le fatiguent. Tout espoir n’est pas perdu, et les docteurs ne peuvent encore se prononcer en aucune manière. Il faut attendre.

Agréez, cher Monsieur, mes meilleures pensées.

Laure de Maupassant.

Ainsi la malheureuse mère a pu conserver jusqu’au dernier jour l’espoir en une guérison sur laquelle nous ne comptions plus. Pour moi, je garde comme elle un culte pieux de ce temps passé en une douce et profonde amitié...

C’est avec plaisir que je m’associe à ceux qui rendent hommage à la mémoire de mon cher compagnon de jeunesse ; je serai très heureux, Monsieur, de connaître votre appréciation sur son œuvre.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations respectueuses.

R. Pinchon.
Bibliothécaire-adjoint de la ville de Rouen.