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Nice, novembre [1897].

Mme Laure de Maupassant a bien voulu me faire l’honneur de me recevoir. J’y ai été d’autant plus sensible que je la savais fort souffrante depuis quelques mois. J’étais partagé entre le désir de causer avec elle de son fils et la crainte d’abuser de sa complaisance. Je résolus d’abréger ma visite pour ne pas lui imposer la fatigue d’un trop long entretien. C’est dans ces dispositions que je me dirigeai vers la villa Monge qui lui sert de résidence. Elle est située dans les hauts quartiers de Nice, à une assez grande distance de la mer[1]. Un jardinet l’entoure où croissent des palmiers, des orangers et d’épais arbustes qui protègent l’intimité de la demeure contre les regards indiscrets. On n’aperçoit de la route que son toit en terrasse et ses murs peints à la chaux. D’ailleurs, la plupart de ses fenêtres sont closes. Une impression de tristesse et d’isolement sort de cette maison silencieuse. Ceux qui l’habitent sont à demi-retirés du monde.

  1. Madame de Maupassant a habité longtemps la « Villa des Ravenelles », au N. 140 de la Rue de France, parallèle à la Promenade des Anglais qui longe le bord de la mer. C’est dans cette modeste et gracieuse maison