Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/254

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« Nos pères, il est vrai, n’eurent pas cette impérissable matière si colorée d’aspect ; mais ils n’en construisirent pas moins les admirables monuments qui font de notre vieille cité rouennaise la Ville-Musée par excellence, où la flore normande s’épanouit partout en sculptures exquises.

« Il existe cependant, chez nous, un arbre dont la fleur nous est plus chère et plus précieuse que toutes les autres ; c’est celle du pommier. Messieurs, véritable symbole de la vie, joie des périodiques printemps.

« C’était bien aussi l’arbre préféré de notre cher Maupassant, car son image apparaît dans chacun de ses livres, comme une évocation de la terre normande.

« C’est pourquoi nous avons placé, sur la stèle, cette branche de pommier en fleurs. Elle est due au talent de notre habile ferronnier, M. Ferdinand Marrou, un maître dans l’art du métal égal à ceux du Moyen-âge et de la Renaissance.

« De tout temps, les poètes ont eu leurs arbres ou leurs fleurs préférées ; pour Alfred de Musset, génie désabusé de la vie, ce fut le saule, l’arbre des mélancolies et des tristesses ; les vers où il l’a chanté sont encore dans vos mémoires :

Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière ;
J’aime son feuillage éploré ;
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai.