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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/275

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aimé, chacun s’est appliqué à pénétrer la philosophie de son œuvre, à découvrir le secret de sa maîtrise. Ne s’est-il pas rencontré un critique, et non des moindres[1], pour affirmer qu’il avait été grand précisément parce qu’il n’avait eu ni idées ni style ! À entendre cet esprit ingénieux, la passion de la réalité à laquelle son tempérament l’asservissait lui aurait enlevé la faculté de juger la vie et de l’exprimer dans une forme personnelle. Ce sont là de brillants paradoxes.

« De ce que toute rhétorique, au moins dans ses œuvres maîtresses, paraît bannie de son style, ne serait-on pas plutôt en droit d’en conclure qu’il a

  1. Il me semble que M. Pol Neveux a dû songer ici à M. Jules Lemaître, de l’Académie française.

    Mme Lecomte du Nouy cite, dans son volume En regardant passer la vie..., un « cher et aimable confrère » auteur d’un mauvais article sur Maupassant ; à vrai dire, je crains qu’il n’y en ait beaucoup. Peu de physionomies ont été travesties d’une façon aussi éhontée que celle de l’auteur de Bel-Ami. C’est un esprit qui a presque toujours échappé à l’intelligence de ses contemporains. On sait que Jules Lemaître lui-même n’a pas su se soustraire à l’erreur d’appréciation commune à presque tous les critiques qui se sont occupés de Maupassaut ; deux fois, il s’est rétracté et a fait amende honorable de ses premiers jugements. Dans le genre mauvais, ce qu’il y a de plus réussi, c’est un article de M. Fern. Gregh sur les Œuvres posthumes de Maupassant, dans la Revue Bleue du 13 avril 1901. S’il s’agissait d’une revue et non d’un « journal du matin », dans le texte de Mme Lecomte, on pourrait croire assez que c’est cet article qui est visé. [A. L.].