Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/282

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intelligents qu’il accapare. Il fait avorter tout sentiment sincère par sa façon d’éparpiller le goût, la curiosité, le désir, le peu de flamme qui brûle en nous".

« Lassé, déçu par tant d’expériences, Guy de Maupassant ne devait trouver sa guérison que dans la mort. Elle vint à lui sournoise, barbare, et après un drame qui nous tint pendant de longs mois angoissés et haletants, elle le prit à notre admiration fervente.

« Le voici maintenant tranquille et glorieux, fixé dans sa dernière halte, auprès de son vieux maître. "Je songe toujours, écrivait-il, à mon pauvre Flaubert, et je me dis que je voudrais être mort si j’étais sûr que quelqu’un penserait à moi de cette façon". Son vœu sera exaucé, Messieurs, j’en atteste les amis qui m’écoutent - et les autres, tous ceux qui écrivent, tous ceux qui lisent.

« Votre pensée fut heureuse, Messieurs, - et laissez-moi vous en remercier au nom des lettres françaises - d’avoir dressé côte à côte dans la gloire, comme ils le furent dans la vie, le maître et le disciple, de les avoir réunis à l’ombre de vos chefs-d’œuvre, non loin de cette terrasse de Croisset d’où ils regardaient tous deux monter dans la douceur des crépuscules, comme au fond d’un tableau de Van Eyck, les nobles architectures de leur ville natale, de la Florence gothique ! ».

Ce discours, si différent des habituelles harangues officielles, est un régal pour les lettrés ; maints jolis