« Il est probable que ma mère parla de mon désir à Maupassant. Quand je revins en France, je reçus une dépêche aux Bouleaux, et une carte-télégramme à Paris, signées de Guy ; il me demandait de partir avec lui pour la Sicile. L’idée d’avoir un pareil compagnon me ravit. Malheureusement cette année-là je devais faire mes treize jours ; avant de songer à ce voyage, il me fallait obtenir un sursis de l’autorité militaire. Je courus chez Guy, je lui expliquai mon ennui. Je ne pouvais rien décider avant d’avoir reçu la réponse de l’État-Major. Mais tout s’arrangea, Maupassant partit pour l’Italie avec Henri Gervex et Georges L…, et il fut convenu que je les rejoindrais à Naples. Mes démarches ayant réussi, trois semaines après je retrouvai Guy à l’hôtel du Vésuve. J’arrivai d’assez bonne heure ; Gervex et Georges L… étaient encore au lit. Ah ! les amusantes présentations !
« Le même jour nous fîmes l’ascension du Vésuve. Nous prîmes un landau qui nous conduisit de Naples au funiculaire. En traversant les villages de Torre del Greco, d’Herculanum, de Torre dell’Annunziata, et leurs rues garnies de fils auxquels pendent des tubes de macaroni de longueur et de grosseur inégales, Gervex nous contait des blagues d’atelier. Je remarquai que, de temps à autre, Maupassant appelait Georges L… « Général ». Étonné, pressentant quelque fumisterie, je ne demandai pas pourquoi. À mesure que la voiture montait, la vue devenait superbe. Nous apercevions le panorama de Naples, puis, au-dessus, San Martino ; plus loin, le couvent des Camaldules ; à l’horizon on devinait le cap Misène. Alors, d’un ton sentencieux Georges L… dit tout à coup : « Ce n’est que lorsqu’on s’élève à de pareilles hauteurs qu’il est permis à l’œil d’embrasser de semblables horizons ». En entendant cette déclaration, Guy s’exclama : « Du coup, mon cher, vous passez maréchal ! »
« Le Vésuve avait cette année-là ; des crevasses par
