Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/47

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Quelqu’un s’étonnera, peut-être, de voir que c’est un Italien qui publie ce livre sur Guy de Maupassant. À celui-là parmi mes lecteurs, je répéterai un raisonnement très juste d’un célèbre écrivain allemand, qui soutient que la fameuse boutade la postérité commence à la frontière renferme un fond de vérité. Cette postérité, qui ne sera probablement supérieure aux contemporains ni en compréhension, ni en goût, ni en justice absolue, sera pourtant et tout de même un tribunal suprême et cassera beaucoup des jugements de l’heure présente, parce que les questions de personnes n’ont plus de prise sur elle ; quand on ne dîne pas avec ses justiciables, cela rend plus facile l’impartialité. C’est par ce côté, a dit Max Nordau, que l’étranger ressemble aux générations à venir. Il ne connaît pas les hommes dont il analyse la vie ou les œuvres, il ne subit pas l’impression de leur personnalité humaine, il n’est d’aucune coterie, il n’a aucune rancune à satisfaire, aucune réciprocité à solliciter. Il peut donc, sans effort, juger avec sérénité.