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Page:Luzel - Bepred Breizad.djvu/15

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xiii

soir, au clair de lune, ils regagnent leur modeste toit de chaume, après la journée achevée. — Que les savants, de leur coté, étudient la vieille langue, recherchent ses titres et ses monuments perdus, et nous rendent les vieux mots, les vieilles locutions oubliées, tombées eu désuétude et remplacées par un honteux jargon. — Que nos vieux Mystères de sainte Nonn, sainte Tryphine, la Passion de notre maître Jésus, la Création du monde, le Purgatoire de saint Patrice, — et tant d’autres, soient encore représentés, durant des deux et trois jours, sur des théâtres improvisés en plein air, — devant les populations accourues des villes et des campagnes, des montagnes et des bois, pour s’enthousiasmer et se réchauffer, le cœur aux souvenirs patriotiques et aux élans généreux dont sont remplies ces naïves et bizarres créations du génie de nos pères. — Que d’imprécations alors contre le traître Kervoura ! que de larmes pour les infortunes de la douce et sympathique Tryphine ! que de malédictions sur les Saozons ! —

Alors la vieille et poétique terre d’Armor, fidèle aux antiques traditions nationales, conservera intacte sa vigoureuse et forte originalité, pendant que tout change et se modifie autour d’elle, et ce ne sera pas une des moindres curiosités de ce xixe siècle niveleur et antipoétique. —