Page:Luzel - Cinquième rapport sur une mission en Basse-Bretagne, 1873.djvu/10

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était vieux et fourbu, de sorte qu’il finit par l’atteindre, et ils entrèrent ensemble dans la cour du palais du roi. Celui-ci, à la vue de la demi-platine, ne douta pas que celui qui en était porteur ne fût son filleul, et il lui fit bon accueil, quoiqu’il lui trouvât bien mauvaise mine. Il lui demanda aussi ce qu’était le jeune homme qui l’accompagnait.

— C’est, répondit-il, parrain, un jeune homme de mon pays qui m’a suivi, dans l’espoir de trouver un emploi à votre cour.

— C’est bien, répondit le roi, on trouvera à l’occuper quelque part.

Il fut, en effet, employé comme valet d’écurie, tandis que l’autre suivait partout le roi, habillé comme un prince, et n’avait rien autre chose à faire, tous les jours, que manger, boire et se promener.

Tôt après, le faux filleul, voulant se débarrasser de Louis, dont la vue l’importunait, dit un jour au roi :

— Si vous saviez, parrain, ce dont s’est vanté le valet d’écurie, mon pays ?

— De quoi s’est-il donc vanté ? demanda le roi.

— D’aller demander au Soleil pourquoi il est si rouge, quand il se lève, le matin[1].

— Vraiment ? Eh bien, il faut alors qu’il y aille, car je suis, en effet, bien curieux de savoir cela.

Et le pauvre Louis dut se mettre en route pour aller trouver le Soleil, bien qu’il protestât qu’il n’avait jamais dit rien de semblable. Comme il se dirigeait, tout triste, du côté de la mer, il rencontra un vieillard vénérable qui lui demanda :

— Où allez-vous ainsi, mon enfant ?

— Ma foi, grand-père, répondit-il, je n’en sais trop rien. On m’a dit que, sous peine de mort, il me faut savoir du Soleil pourquoi il est si rouge, quand il se lève, le matin, et je ne sais où aller trouver le Soleil.

— Eh bien ! mon enfant, je vous aiderai à le trouver, moi. Et, lui montrant un cheval de bois : Montez sur ce cheval de bois, qui s’élèvera en l’air, à votre commandement, et vous portera au pied de la montagne sur le sommet de laquelle est le château du Soleil. Vous laisserez le cheval au bas de la montagne, où vous le retrouverez au retour, et vous irez seul jusqu’au château.

Louis monta sur le cheval de bois, qui s’éleva aussitôt en l’air et le déposa au pied d’une haute montagne. Il gravit péniblement cette montagne, et, arrivé sur le sommet, il vit un palais si beau, si resplendissant, qu’il en fut ébloui. C’était le palais du Soleil. Il frappa à la porte. Une vieille femme vint lui ouvrir.

  1. Dans une autre version, le héros doit demander au Soleil pourquoi il est rouge quand il se lève le matin, et rouge quand il se couche le soir ; — et ailleurs, — pourquoi il est rouge le matin, blanc à midi, et bleuâtre le soir.