Page:Luzel - Cinquième rapport sur une mission en Basse-Bretagne, 1873.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reconnaître celle que l’on désire, est pareillement dans les contes bretons.

Le cadet ayant encore réussi dans la seconde épreuve, on lui en proposa une troisième et dernière. Il fallait, avec un tamis qu’on lui donna, épuiser toute l’eau d’un grand vivier. La Vierge aux cheveux d’or vint à son secours, comme la veille, et il réussit encore.

Alors il emmena avec lui la Vierge aux cheveux d’or. Mais il lui était bien désagréable délivrer une si belle princesse au roi du château d’argent. Le renard le comprit et, s’étant métamorphosé en une belle princesse, en tout semblable à la Vierge aux cheveux d’or, le roi du château d’argent l’épousa, sans se douter de rien. Mais, le jour même des noces, l’animal reprit soudainement sa forme naturelle, et partit. Le cadet prit alors le chemin de chez son père, tout fier d’emmener avec lui une si belle princesse, sur un beau cheval à la crinière d’or, et de plus, l’oiseau Ohnivak.

Les trois frères arrivent au rendez-vous qu’ils s’étaient assigné, au bout d’un an et un jour. Les deux aînés, jaloux de voir comme leur cadet avait réussi, le mettent à mort, et se présentent devant leur père avec l’oiseau, le cheval et la princesse, dont ils se disent les conquérants, au prix de beaucoup de peine et de prouesses. Ils lui disent aussi que leur frère cadet a péri dans l’entreprise.

Cependant le renard ressuscite le cadet, avec de l’eau de la vie, que lui apporte un corbeau. Il se présente chez son père, habillé en paysan, pour demander un emploi. Il est pris comme valet d’écurie. Le cheval à la crinière d’or était tout triste, et ne mangeait pas, l’oiseau aussi était triste et ne mangeait ni ne chantait, et la princesse aux cheveux d’or ne faisait que pleurer ; enfin le vieux roi était plus malade que jamais. À l’arrivée du cadet, le cheval hennit de joie, l’oiseau chanta, la princesse cessa de pleurer et le vieux roi guérit soudainement. Tout fut alors dévoilé. Les deux princes aînés furent condamnés à mourir, et le cadet épousa la Princesse aux cheveux d’or.

Il n’y a pas un épisode dans ce conte, ni un agent merveilleux, comme du reste dans presque tous les contes du recueil de M. Alexandre Chodzko, qui ne se retrouve dans nos contes bretons, mais dispersés de tous les côtés dans plusieurs fables. Cela provient et du caprice des conteurs, qui, voulant toujours allonger