Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/119

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— Comment, (oser) venir se moquer de moi encore, dans ma maison ! —

— Jésus, mon bon seigneur, moi (oser) me moquer de vous ! ni moi ni mon homme n’oserait jamais faire cela.

— Eh ! bien, j’irai quand même, et je parlerai au meunier. Celui-là pense être plus fin que moi, peut-être ! —

Le seigneur vint souper au moulin. Il y avait du fricot, du lard, du rôti à la broche, du cidre et même du vin ! vers la fin du repas, quand les têtes étaient un peu échauffées, le meunier dit au seigneur : —

— Tout le monde, monseigneur, sait bien que vous êtes très fin, et pourtant, je suis content de parier que vous ne ferez pas ce que je ferai, moi.

— Et quoi donc ?

— Tuer ma femme devant vous tous, ici, et la ressusciter ensuite, en jouant d’un violon que j’ai là.

— Parie vingt écus que tu ne feras pas cela.

— Vingt écus que je le ferai !

— Eh ! bien, voyons, dit tout le monde, puisque le seigneur tient le pari.

Et le meunier de prendre un couteau, de sauter sur sa femme et de faire semblant de lui couper le cou. Mais il ne coupa qu’un boyau rempli de sang qu’il lui avait mis autour du cou. Le seigneur, qui ne connaissait pas le tour, comme les autres, avait horreur en voyant le sang couler. La femme tomba à terre, comme si elle était complètement morte. Le meunier prit alors son violon, et se mit à en jouer. Et aussitôt sa femme de se relever