Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/125

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marmite au milieu de la cour, et de la remplir d’eau. Puis il y mit du lard, de la viande salée, des choux, des navets, du sel, du poivre, — enfin tout ce qui est nécessaire pour faire de bon bouillon. Alors il ôta sa veste, prit le fouet du meunier, — et de fouetter la marmite ! Mais il avait beau frapper, l’eau restait froide.

— Que faites-vous aussi, monseigneur ? demanda Grand-Jean étonné.

— Tais-toi, imbécile, tu le verras tout-à-l’heure.

Et le voilà de fouetter encore de son mieux. De temps en temps il fourrait son doigt dans la marmite ; l’eau était toujours froide ! Enfin, quand il fut assez fatigué, il s’arrêta et dit :

— Décidément, le meunier, je le crains bien, se moque de moi !

— Oui, il se moque sûrement de vous, monseigneur ; — répondit Grand-Jean.

— Eh ! bien, n’importe ; il n’y a que la mort pour lui !

— Le bien frotter avec votre fouet serait suffisant, je pense, monseigneur. —

— Non, non, la mort ! — se moquer de moi ! Allons, vite, au moulin et apporte un sac, pour qu’il y soit mis et jeté dans l’étang, pour être noyé !

Grand-Jean prit un sac vide sur son épaule, et ils allèrent tous les deux du côté du moulin. — Le pauvre meunier est fourré dans le sac, puis chargé sur le cheval du moulin pour être porté à l’étang, qui était à quelque distance. Comme ils y allaient, ils virent ve-