Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/127

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nir sur la route un marchand qui allait à la foire de Guingamp, avec trois chevaux chargés de marchandise. Le seigneur eut peur.

— Allons nous cacher derrière le fossé, dit-il, jusqu’à ce que ce marchand soit passé.

Et ils vont pardessus le fossé dans le champ. Le meunier, dans son sac, fut déposé contre le fossé, au bord de la route. Quand il entendit le bruit que faisaient les chevaux du marchand en passant auprès de lui, il se mit à crier : — Non, je ne la prendrai pas ! je ne la prendrai pas ! —

Le marchand, étonné, s’approcha du sac : — tiens ! tiens ! dit-il, que veut dire ceci ? — L’autre criait toujours : — Non, je ne la prendrai pas ! je ne la prendrai pas ! —

— Tu ne prendras pas qui ? demanda le marchand.

— La fille unique d’un seigneur très-riche, très-riche, qui a eu un enfant, et que son père veut me faire épouser.

— Et c’est vrai qu’elle est bien riche ? —

— Oui, la plus riche de tout le pays.

— Eh ! bien, moi je suis content de la prendre.

— Alors, venez, vite, ici dans le sac, et moi j’en sortirai.

Le marchand se met dans le sac et le Meunier serre bien les liens sur lui ; puis celui-ci prend son fouet et se dirige vers Guingamp, avec les trois chevaux chargés de marchandise.

Quand il fut parti, le Seigneur et Grand-Jean retournèrent à leur sac.