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Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/129

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— Je la prendrai ! je la prendrai ! — criait le marchand dedans.

— Tu prendras qui ? — Demanda le Seigneur.

— Votre fille, Monseigneur. —

— Ah ! fils de P… va la chercher, alors, au fond de l’étang ! —

Et il fut jeté dans l’étang, et depuis, on ne l’a pas revu. —

Le Seigneur et son valet Grand-Jean allèrent le lendemain à la foire de Guingamp. Comme ils étaient à visiter les belles boutiques qui se trouvaient là, ils furent bien étonnés d’y retrouver aussi le Meunier, avec une belle boutique d’orfèvrerie.

— Comment, meunier, lui dit le Seigneur, est-ce bien toi qui es là ? —

— Oui sûrement, monseigneur, — vous venez m’acheter quelque chose, sans doute ? —

— Comment, tu n’es donc pas resté dans l’étang ?

— Comme vous voyez, monseigneur ; je ne me trouvais pas bien là : et pourtant je vous remercie, car c’est de là que j’ai apporté toutes les belles choses que vous voyez ici.

— Vraiment ?

— Comme je vous le dis, monseigneur. Je ne regrette qu’une chose, — c’est que vous ne m’ayez pas jeté un peu plus loin ; alors, je serais tombé dans la place où il n’y a que des objets d’or.

— Vraiment ? —

— Aussi vrai que je vous le dis, monseigneur.

— Et tout est là encore ? —