Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/20

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résultats inattendus et des éléments de comparaison précieux pour l’histoire, l’ethnographie et la mythologie comparées des peuples d’origine celtique.

Nos contes populaires sont incontestablement plus anciens que nos chants ; ils sont aussi plus dans le courant des traditions anciennes et, en un mot, plus foncièrement celtiques.

Le merveilleux et l’aventure, le désir de pénétrer l’inconnu et de s’élancer au-delà des limites et des horizons terrestres, forment le fond et le caractère principal de nos traditions nationales. C’est aussi dans cette soif toujours inassouvie et toujours persistante d’idéal et d’inconnu qu’un écrivain breton croit trouver, sinon l’excuse, du moins l’explication du penchant irrésistible des Bretons à l’ivresse. — Ne dites pas, ajoute-t-il, — « que c’est appétit de jouissance grossière, car jamais peuple ne fut d’ailleurs plus sobre et plus détaché de toute sensualité : non, les Bretons cherchaient dans l’hydromel ce qu’Owenn, saint Brandan et Pérédur poursuivaient à leur manière, la vision du monde invisible. » —[1].

Ce qui nous frappe, en second lieu, dans les contes bretons, c’est la place qu’y tiennent les animaux, transformés par l’imagination en créatures intelligentes, et presque toujours bienveillantes et secourables à l’homme. Aucune race ne conversa aussi intimement que la race celtique avec les êtres inférieurs et ne leur accorda une aussi large part de vie morale. La mansuétude envers les animaux compte au nombre des vertus théologales chez les Brahmanes : «  — La douceur envers tous les êtres, en action, en pensée, en

  1. — Ernest Renan — Poésie des races celtiques —