Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/25

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découvertes viendront encore lui prêter leur appui. En effet, ces rapports sont frappants : même fond de merveilleux et d’aventures, mêmes fables, même mythologie, même naturalisme, et souvent mêmes héros et mêmes détails. On est tout étonné, quand on lit le recueil des frères Grimm, ou les Contes des paysans et des pâtres slaves traduits par M. Alex : Chodzko, de rencontrer presque tous les mêmes contes dans nos chaumières bretonnes, à peine modifiés et altérés par les conteurs. Parfois aussi, on y trouve les imaginations des poëmes indiens et les conceptions védiques, ou du moins des échos affaiblis, mais reconnaissables encore de ces monuments primitifs. Enfin, les lignes suivantes par lesquelles M. Alex : Chodzko définit les contes slaves, s’appliquent parfaitement aux contes bretons, à tel point que l’on dirait qu’elles ont été écrites exprès pour eux : —

— « Les conteurs slaves racontent monts et merveilles des chars aériens, des chevaux à la crinière d’or, des magiciens et magiciennes mythiques, des géans, des nains, des poissons et des oiseaux qui parlent, des dragons pourvus d’ailes et vomissant du feu, des oiseaux de flamme, dont une seule plume suffit pour éclairer la nuit, du breuvage de l’immortalité que des corbeaux apportent à leurs protégés, des pelotes dont le fil, comme celui d’Arianne, fait traverser au héros les déserts et les labyrinthes les plus inextricables ; il y a des mots et des formules d’une puissance tout aussi infaillible que celle des mantras indiens ; il y a des ermites pénitents qui, en vrais richis indiens, ne vivent que pour mourir, absorbés dans l’union avec Dieu ; il y a des génies malfaisants et bienfaisants qui servent l’homme, des luths