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CONTES POPULAIRES

des

BRETONS ARMORICAINS

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LE GÉANT GOULAFFRE[1]
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Il y avait une fois une pauvre femme, restée veuve avec un fils. Tous les jours, la mère et son fils allaient mendier de porte en porte, dans les fermes et les manoirs, recueillant par ici un morceau de pain d’orge, plus loin une crêpe de sarrasin, ailleurs, quelques pommes de terre ; et ils vivaient ainsi de la charité des bonnes âmes. L’enfant s’appelait Allanic, et sa mère Godic ou Marguerite. Quand Allanic eut atteint l’âge de quatorze ou quinze ans, comme il était vigoureux et bien portant, et que néanmoins il continuait de mendier avec sa mère, souvent les paysans disaient à celle-ci : — Il est grand temps, Marguerite, que ce gaillard-là travaille aussi pour gagner son pain ; vous l’avez nourri assez longtemps à rien faire ; à son tour à

  1. Ce conte, populaire dans l’arrondissement de Lannion, a quelque analogie avec le Petit Poucet de Perrault. — Il y a dans Huon de Bordeaux un géant Angoulaffre, qui pourrait bien être le parrain de notre Goulaffre. —