Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/35

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Ceux-ci étaient tout tristes, se regardaient avec de grands yeux et ne mangeaient pas.

— Eh ! bien, vous ne mangez donc pas les petits ? leur dit le géant.

— Nous n’avons pas faim, Seigneur.

— C’est cependant bien bon ! — Et prenant les deux pieds qu’ils avaient sur leurs plats, il les avala en une bouchée.

Quand le repas fut fini :

— Voyons maintenant vos talents, mes enfants, et tâchez de me divertir un peu.

Et Allanic se mit à jouer de son chalumeau de paille et Fistilou à danser, à gambader et à jeter son chapeau en l’air en criant : — iou ! iou ! hou ! hou ! — Le géant riait à gorge déployée et s’en amusait beaucoup ; et sa femme et ses deux filles aussi.

— Je suis content de vous, leur dit Goulaffre, au bout d’une heure de cet exercice ; allez dormir à présent avec mes filles et demain je verrai ce que je ferai de vous.

La géante les conduisit alors à leur chambre, donna des bonnets rouges à Allanic et à Fistilou, pour mettre sur leur tête, des bonnets blancs à ses filles, puis, elle s’en alla.

Les deux jeunes géantes ne tardèrent pas à s’endormir et à ronfler, à faire trembler les vitraux de la chambre dans leurs châssis. Mais Allanic et Fistilou ne dormaient pas. Ils entendirent bientôt du bruit dans l’appartement au-dessous d’eux. C’étaient le géant et sa femme qui se querellaient. Allanic sauta hors de son