Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment diable fait-il donc ?

Jean, s’apercevant que ses compagnons n’étaient animés d’aucuns bons sentiments à son égard, craignit quelque mauvais tour de leur façon et se dit un jour : — Je crois que ce que j’ai de mieux à faire, c’est de me sauver d’ici, au plus vite.

Il partit donc, au milieu de la nuit, emmenant ses deux chiens. Et le voilà encore errant à l’aventure, mais sans souci de rien, maintenant qu’il connaît ce que valent ses chiens.

En passant par une forêt, il rencontra un cavalier, tout habillé de rouge et monté sur un cheval blanc.

Le cavalier vint à lui et lui demanda :

— Que fais-tu par ici, avec tes deux chiens ?

— Ma foi, je cherche un maître.

— Es-tu bon tireur ?

— C’est précisément parce qu’on me trouvait trop bon tireur qu’il m’a fallu quitter le château où j’étais.

— Eh ! bien, veux-tu être le gardien de mon bois ?

— Je le veux bien.

— C’est convenu. — Voilà cinq sous que je te donne et si tu ne les donnes jamais tous les cinq à la fois, tu auras toujours cinq sous dans ta poche, quelque souvent que tu y mettes la main… Puis, quand tu voudras dormir, couche-toi à terre, n’importe où tu te trouveras, et tu te croiras dans un lit de plume.

— Cela me plaît, dit Jean. —

Puis ils s’en allèrent, chacun de son côté.

Jean se mit à parcourir le bois, accompagné de ses deux chiens et son fusil sur l’épaule. Le gibier n’y manquait pas et il en tuait à volonté. Mais il avait