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Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/97

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en passant devant la porte, il se dit : — Il faut absolument que je voie ce qu’il y a là ! —

Il frappa à la porte ; elle lui fut ouverte par une vieille petite femme qui lui parla de la sorte :

— Bonjour, mon fils ; tu viens donc me voir, enfin ?

— Bonjour, grand’mère. —

— Entre, vite, et viens que je te fasse voir les belles choses que j’ai ici. Tiens, voilà deux chaînes, pour attacher ton cheval et ton chien.

Et elle s’arracha deux cheveux de la tête et les lui présenta. Et aussitôt les deux cheveux se changèrent en deux chaînes, avec lesquelles il attacha son cheval et son chien à deux poteaux de pierre qui étaient là, un de chaque côté de la porte. Le cheval et le chien, en voyant cela, se mirent à se démener, pour s’en défendre, à hennir et à hurler ; mais ce fut en vain, ils furent attachés et il leur fallut rester là.

— Suis-moi, à présent, mon fils, que je te fasse voir mon château, — reprit la vieille femme ; viens voir toutes les belles choses que j’ai ici ; jamais tu n’as rien vu de pareil. Allons d’abord voir le moulin de rasoirs.

Quand ils furent devant la grande roue, toute garnie de rasoirs :

— Vois, mon fils, quelle merveille ! Mais baisse toi un peu, penche-toi par ici, tu verras mieux.

Et comme il se penchait sur l’abîme, sans songer à mal, la vieille diablesse le poussa, et il tomba sur la roue et fut haché menu et moulu, comme de la sciure de bois ! —