Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/211

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quel pays elle habite, mais, je vais te donner une lettre pour mon frère l’ermite, qui vit au milieu d’une forêt, à plus de vingt lieues d’ici, et peut-être pourra-t-il te fournir quelque utile renseignement.

Cado prit la lettre et se mit en route.

Il marcha et marcha, et, à force de mettre un pied devant l’autre, il arriva à l’ermitage de son, oncle l'ermite. Le vieillard était en prière, agenouillé sur le seuil de sa cabane, construite à l’angle de deux rochers, les mains et les yeux levés vers le ciel et comme ravi en extase. Cado attendit qu’il eût fini, puis il s’avança vers lui et dit :

— Bonjour, mon oncle l’ermite.

— Tu m’appelles ton oncle, mon enfant ?

— Lisez cette lettre, et vous verrez qui je suis et connaîtrez le motif de ma visite.

L’ermite prit la lettre, la lut, puis il dit :

— C’est vrai, tu es bien mon neveu. Mais, hélas ! mon pauvre enfant, tu es loin d’être au terme de ton voyage et de tes peines. Je vais consulter mes livres, pour voir ce que je peux faire pour toi. En attendant, comme tu dois avoir faim, grignote cette croûte de pain, qui est ma seule nourriture, depuis vingt ans. Quand j’ai faim, je la grignote un peu, et pourtant elle ne diminue pas.