Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/305

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nous retient ici, depuis trois cents ans, à nous battre de la sorte, sans un moment de repos ?

— Je le lui demanderai volontiers.

— Alors, nous ne te ferons pas de mal et tu peux passer.

Et Efflam passa sans mal, et les deux arbres se remirent à se battre, de plus belle.

Un peu plus loin, il se trouva au bord d’un bras de mer, et il aperçut là un homme tout nu qui se jetait dans l’eau, du haut d’un rocher, puis, il en sortait pour s’y jeter de nouveau, et cela sans discontinuer.

— Où vas-tu ainsi, mon garçon ? demanda cet homme à Efflam, dès qu’il le vit.

— Je vais trouver le Soleil, dans son palais, pour lui demander pourquoi il est rose, le matin, blanc, à midi, et rouge, le soir.

— Eh bien ! demande-lui aussi pourquoi il me retient ici, depuis cinq cents ans, à faire le métier que tu as vu, et je te ferai passer l’eau.

— Je le lui demanderai volontiers.

— Monte sur mon dos, alors, et je vais te faire passer l’eau.

Et Efflam monta sur son dos et fut déposé, sain et sauf, sur le rivage opposé. Il continua sa route et arriva bientôt devant le palais du Soleil. C’était le soir, de sorte qu’il n’en fut pas aveuglé, mais ébloui seulement. Il entra dans la cui-