Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/309

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épuisé. Voilà, cousin, ce que tu peux dire au roi de France.

— Je vous remercie bien, cousin ; mais, avant de partir, je voudrais savoir encore pourquoi vous tourmentez si cruellement, depuis deux cents ans, un pauvre homme que j’ai rencontré sur ma route, courant et criant, sur une immense plaine, sans jamais se reposer ?

— Oui, je te le dirai volontiers : je retiens cet homme-là à faire pénitence, et il y restera aussi longtemps que le monde existera. Mais, ne lui dis cela qu’après que tu auras franchi la plaine, car autrement, il ne te laisserait pas passer[1].

— Je ne lui dirai rien, avant d’avoir franchi la plaine ; mais, dites-moi encore, je vous prie, pourquoi deux arbres que j’ai vus se battant, plus loin, des deux côtés d’un chemin creux, se maltraitent si cruellement, depuis trois cents ans ?

— Je te le dirai encore : ce sont deux époux qui se disputaient et se battaient constamment, quand ils vivaient ensemble, et, pour les punir, je veux qu’ils continuent de se battre, jusqu’à ce qu’ils aient écrasé un homme entre eux ; mais, cela durera encore, sans doute, plusieurs milliers

  1. Le motif de la punition manque ici ; c’est une lacune ou un oubli de ma conteuse. Voir à ce sujet les contes du cycle précédent, Voyages vers le Soleil.