Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/393

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— Oui, mon maître, tout cela est vrai ; et si vous n’en savez rien encore, c’est que, pendant le repas du soir, la princesse vous verse un narcotique dans votre vin, si bien qu’en vous levant de table, il faut vous mettre au lit, et que vous dormez profondément, jusqu’au lendemain.

— Holà ! il faut que je me tienne sur mes gardes, et bientôt vous verrez du nouveau ici.

La pauvre bergère était mal vue et détestée des domestiques du château, qui savaient qu’elle passait ses nuits dans la chambre du maître, et la cuisinière ne lui donnait plus que du pain d’orge, comme aux chiens.

Le lendemain matin, elle alla encore au bois, avec ses brebis, et la princesse lui acheta sa troisième boule d’or, au même prix que les deux autres, pour passer une troisième nuit avec le maître, dans sa chambre à coucher.

Quand l’heure du repas du soir fut venue, le maître se tint sur ses gardes, cette fois. Pendant qu’il causait avec son voisin, il vit la princesse qui lui versait encore du narcotique dans son verre. Il ne fit pas semblant de s’en apercevoir, mais, au lieu de boire le vin, il le jeta sous la table, sans être remarqué de la prince

En se levant de table, il feignit d’être pris de sommeil, comme les autres soirs, et se rendit dans sa chambre. La bergère vint aussi, peu