Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/400

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— Peu m’importe, j’irai toujours la demander à son père, et si je n’ai celle-là pour femme, je n’en aurai aucune autre au monde. Je ne sais quelle direction prendre, ni par où me rendre à la cour du roi Dalmar ; mais, à force de marcher, je finirai bien par y arriver, tôt ou tard.

— Si ta résolution est bien prise, je n’y ferai pas d’opposition ; mais, au bout d’un an et un jour, il faudra que tu sois de retour à la maison.

— Je vous promets d’être de retour, au bout d’un an et un jour.

Et il partit, dans un beau carrosse, accompagné d’un valet de chambre seulement. Ils allaient au hasard, ne sachant quelle direction ils devaient prendre. Ils ne cessaient d’aller, d’aller toujours devant eux, sans jamais s’arrêter. Un jour, la nuit les surprit, au milieu d’une grande forêt. Les chevaux étaient fatigués, et le valet proposa à son maître de les dételer, pour leur donner un peu de repos, et de passer la nuit dans la forêt. Le prince y consentit. Il coucha, comme à l’ordinaire, dans sa voiture, et le valet s’étendit sur la mousse et la fougère, au pied d’un vieux chêne, pendant que les chevaux paissaient tranquillement, non loin de là.

Vers minuit, le valet, qui ne dormait pas encore, entendit du bruit dans l’arbre, au-dessus de sa tête, comme d’un grand oiseau qui viendrait y