Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/470

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— Auriez-vous la bonté de m’accorder l’hospitalité, pour la nuit ?

— Hélas ! mon pauvre enfant, un ermite, d’ordinaire, n’est pas riche : entrez néanmoins dans ma cabane et vous n’aurez ni mieux ni pis que moi, quelques herbes et quelques racines pour nourriture, et la terre nue pour lit.

— Nul ne peut donner que ce qu’il a, mon père, et je vous remercie.

Et il entra dans la hutte de l’ermite et lui conta ses aventures.

— Hélas ! mon pauvre enfant, lui dit alors le solitaire, il y a bien longtemps que je suis ici, à faire pénitence, et jamais je n’ai entendu parler du Corps-sans-âme, et je ne puis vous dire où il demeure, ni quel chemin vous devez prendre pour le trouver ; mais, voici une serviette que je vous donne et qui pourra vous être utile. Elle m’a rendu de grands services, dans ma jeunesse ; mais, à présent, je n’en ai plus besoin. Quand vous aurez faim ou soif, en quelque endroit que vous vous trouviez, vous n’aurez qu’à la déployer, l’étendre sur une table, ou même à terre, et dire : « Serviette, fais ton devoir ! » et aussitôt, il se trouvera dessus à boire et à manger, de tout ce que vous désirerez. Puis, dans une autre forêt, qu’il vous faudra traverser, plus loin, vous trouverez un autre ermite, qui est plus vieux et plus