Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/61

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sit encore la clef dans la serrure, la tourna, toute tremblante d’émotion, et entr’ouvrit la porte, tout doucement.... Mais, au premier regard qu’elle jeta dans l’intérieur du cabinet, elle poussa un cri d’effroi et recula d’horreur. Sept femmes étaient là, pendues chacune à une corde fixée à un clou dans une poutre, et se mirant dans une mare de sang ! C’étaient les sept femmes que le prince Frimelgus avait épousées, avant Marguerite, et qu’il avait toutes pendues dans ce cabinet, quand elles étaient devenues enceintes.

Marguerite était tombée sans connaissance sur le seuil. Quand elle revint à soi, elle ramassa son trousseau de clefs, qui était tombé dans le sang, puis elle referma la porte du cabinet. Elle lava d’abord ses clefs avec de l’eau froide, et le sang qui les souillait disparut sur toutes, à l’exception de celle du cabinet défendu. Ce fut en vain qu’elle lava celle-ci avec de l’eau chaude et la racla avec un couteau, et la frotta avec du sable, la maudite tache ne disparaissait pas !

Voilà Marguerite désolée. En apercevant ce sang, se disait-elle, mon mari saura que je lui ai désobéi, et que j’ai ouvert le cabinet défendu !...

Pendant qu’elle était encore occupée à laver et à frotter la clef, Frimelgus arriva.

— Que faites-vous là, ma femme ? demanda-t-il, bien qu’il sût déjà la vérité.