Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/73

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personne. Et le jeune homme s’avança vers elle et lui demanda :

— Voudriez-vous vous marier avec moi, jeune fille ?

Voilà Yvonne bien étonnée et bien embarrassée de savoir que répondre.

— Je ne sais pas, dit-elle, en baissant les yeux ; on me fait assez mauvaise vie, à la maison.

— Eh bien ! réfléchissez-y, et demain matin, à la même heure, je me retrouverai ici, quand vous passerez, pour avoir votre réponse.

Et le beau jeune homme disparut, alors. Toute la journée, la jeune fille ne fit que rêver de lui. Au coucher du soleil, elle revint à la maison, chassant devant elle son troupeau et chantant gaîment. Tout le monde en fut étonné, et l'on se demandait :

— Qu’est-il donc arrivé à Yvonne, pour chanter de la sorte ?

Quand elle eut rentré ses vaches et ses moutons à l'étable, elle se rendit auprès de sa mère, et lui conta son aventure et demanda ce qu’elle devait répondre, le lendemain.

— Pauvre sotte ! lui dit sa mère, quel conte me faites-vous là ? Et puis, pourquoi songer à vous marier, pour être malheureuse ?

— Je ne le serai jamais plus qu’à présent, ma mère.