Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/89

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Et ils s’embrassèrent tendrement. Alors Yvon demanda à Yvonne :

— Et ton mari, où est-il, sœur chérie ?

— Il est parti en voyage, frère chéri.

— Est-ce qu’il y a longtemps qu’il n’a pas été à la maison ?

— Non, vraiment, il n’y a pas longtemps, frère chéri ; il vient de partir, il n’y a qu’un moment.

— Comment, est-ce que tu ne serais pas heureuse avec lui, ma pauvre sœur ?

— Je suis très heureuse avec lui, frère chéri.

— Je l’ai pourtant vu te donner trois bons soufflets, hier soir, en arrivant, et trois autres, ce matin, avant de partir.

— Que dis-tu là, frère chéri ? Des soufflets !... C’est des baisers qu’il me donne, le soir et le matin.

— De singuliers baisers, ma foi ! Mais, puisque tu ne t’en plains pas, après tout... Comment, mais on ne mange donc jamais ici ?

— Depuis que je suis ici, mon frère chéri, je n’ai jamais éprouvé ni faim, ni soif, ni froid, ni chaud, ni aucun besoin, ni aucune contrariété. Est-ce que tu as faim, toi ?

— Non, vraiment, et c'est ce qui m’étonne. Est-ce qu’il n’y a que toi et ton mari dans ce beau château ?