Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/101

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pour y passer la nuit et se remettre le lendemain en route.

Mais, le lendemain matin, il manquait un cheval au marchand, sans qu’il pût savoir ce qu’il était devenu. C’était Ewen Congar, qui, grâce aux secrets qu’il avait appris dans les livres du magicien, s’était changé, cette fois, en cheval, puis était retourné chez son père, sous sa forme naturelle.

Quand les trois cents écus furent épuisés, Congar, sous la forme d’un âne, se fit encore conduire par son père à la foire de Bré, en lui recommandant de le vendre deux cents écus et d’avoir bien soin de retenir toujours la bride.

Le même marchand inconnu vint marchander l’âne.

— Combien l’âne, bonhomme ?

— Deux cents écus.

— Deux cents écus, c’est bien cher pour une bourrique ; mais, je n’aime pas à marchander, voilà deux cents écus et donnez-moi l’âne.

Et il monta aussitôt sur la béte.

— Hola ! dit le bonhomme, il faut me laisser la bride.

— Trop tard, mon vieux ! répondit l’autre, ironiquement.

Et il se mit à battre l’âne à coups de bâton et partit au galop.